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sidi amar...rein a changé a priori

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sidi amar...rein a changé a priori

Messagede sidiamar le Ven 25 Jan, 2008 22:02

sidiamar
Fatcha Jdida
 
Messages: 8
Inscription: Ven 11 Jan, 2008 16:23

Messagede malek le Ven 25 Jan, 2008 22:13

Sans travail, les jeunes de Annaba se tournent vers la mer

A quelques mètres des hauts fourneaux,
les natifs de Sidi Amar s’enflamment


De notre envoyée spéciale à Annaba
Hasna Yacoub


Il avait un sourire narquois. Des réponses pour se moquer de son monde. Il semblait s’adresser à nous, juste parce qu’un copain le lui a demandé.
Mais Ali, ce jeune qui est venu s’appuyer -une habitude sûrement- sur un des murs de haï Sidi Amar, un quartier de la commune d’El Hadjar, dégageait ce quelque chose qui ne vous laisse pas indifférent. Qu’avait-il de si spécial ce jeune Bônois ? Au fil de la discussion, en croisant son regard, un regard nu, la réponse paraît évidente. Tout au fond de ses yeux sombres, il n’y avait pas de lueur .

Délit : une demande d’emploi
Ali, à peine 29 ans, a été entendu, il y a quelques jours, par un procureur de la République. Dans les jours à venir, il sera entendu par un juge. Son délit ? Avoir demandé un travail. Diplômé en charpente métallique, Ali a, à la place d’un poste d’emploi, une carte bleue. Celle du bureau de main-d’œuvre. Son copain de quartier a la même carte depuis six ans, mais qui ne lui a jamais servi.
Ali n’a pas de lueur, n’a pas d’espoir mais ne veut pas mourir en mer comme ses amis. Ceux-là avec qui il a pris le café un matin et les a pleurés le lendemain. Des Ali sont rencontrés partout : à haï Sidi Amar, Sidi Salem, Bettah et autres recoins de la coquette ville de Annaba. Mais ils sont peu ceux qui rejettent l’idée de mourir en mer. «Yakoul’ni el hout mayakoul’nich ed-doud [je préfère être mangé par les poissons que par les vers]», ont chanté, fiévreux, des jeunes dans un café du quartier. L’un d’eux a fini ses études universitaires depuis deux ans et son seul rêve est d’atteindre la Sardaigne, même à la nage ! Sinon quoi faire d’autre dans ces quartiers ? «Vous ne risquez pas de rencontrer les jeunes chômeurs maintenant, il est trop tôt. Comme on n’a rien à faire, on fait la grâce matinée. Ainsi, on n’aura à [tuer] que le temps de l’après-midi, en se tassant dans les cafés», explique Ali. Il ne faut pas être devin pour reconnaître ces jeunes chômeurs d’El Hadjar, car, souvent, ils sont trois à se partager le même verre de thé.
Yassine a 27 ans. C’est lui qui se hasardera à réveiller Ali pour les curieux visiteurs de cette matinée pluvieuse du mois de janvier. Un œil au beurre noir, Yassine garde les stigmates d’une arrestation musclée devant l’un des cinq portails du complexe d’El Hadjar. Lui aussi attend toujours un contrat de travail, qui n’arrive pas. Il décide alors, en compagnie de Ali et de dizaine d’autres jeunes et moins jeunes du quartier Sidi Amar, d’aller en demander. Les cinq accès d’El Hadjar seront «pacifiquement» fermés. Un cadre du complexe, chargé des ressources humaines, M. Menadi, tente une négociation. Il reçoit les délégués des manifestants pour leur expliquer le procédé de recrutement : la programmation des besoins du complexe, la commande auprès du bureau de main-d’œuvre ou auprès des sous-traitants, la sélection… Et pour finir, le responsable des ressources humaines signe un document, rédigé à la main, «en cas de besoin de main-d’œuvre pour l’entreprise, elle donne la priorité aux habitants des quartiers limitrophes au complexe dans le respect des procédures législatives». C’est exactement ce que prévoit la loi ! Toute entreprise publique ou privée doit passer par le bureau de main-d’œuvre de la commune où elle est implantée.

Ces regards qui ne s’enflamment plus
Mais, pour Yassine, Ali et les autres, le document était plus qu’une procédure. C’était une «parole d’honneur». Mieux, c’était la première fois qu’ils obtenaient quelque chose. Une chose qu’ils avaient arrachée eux-mêmes, et, cette fois, ce n’étaient pas des paroles mais du concret. Il ne s’agissait plus de promesses mais d’un papier. Photocopié par chacun d’eux et rangé soigneusement à la maison ; en cette date du 2 janvier 2008, les jeunes de Sidi Amar étaient résignés à attendre. Leur attente ne sera pas longue. Moins de vingt-quatre heures après, une rumeur enflamme le quartier. Un recrutement d’une trentaine de personnes vient de se faire à El Hadjar. Qui sont ces recrues ? Rapidement, les natifs de Sidi Amar se rendent compte qu’il ne s’agit pas d’une main-d’œuvre issue du quartier. La colère monte. «C’est une trahison», pis «une humiliation». En rangs ordonnés comme des soldats, des banderoles en mains, ils décident de fermer les cinq accès du complexe d’El Hadjar. Excédée, la direction d’Arcelor-Mittal Annaba dépose plainte pour «entrave à la liberté d’activité». La force publique est alors réquisitionnée. En dispersant la foule, elle appréhendera huit jeunes dont Ali et Yassine. «Nous avons passé 48 heures en prison avant d’être présentés au procureur de la République. Vous savez, après avoir réquisitionné la force publique, le wali a demandé trois ans de prison ferme pour nous», dit Yassine, qui semble ignorer tout des procédures judiciaires. Malgré une appréhension de son procès, programmé le 27 janvier prochain, Ali affiche une certaine confiance en la justice, «le procureur a compris que nous avons revendiqué dans le calme un travail. Je lui ai expliqué qu’il valait mieux que je sois en face de lui pour avoir demandé un travail que pour avoir volé». Mais ce n’est pas tant ce procès qui préoccupe les jeunes de Sidi Amar. «Nous voulons assurer un salaire par famille. Les autorités peuvent venir recenser le nombre de chômeurs par famille et en offrir à chacun un poste d’emploi», disent certains. Mohamed, qui ne comprend pas pour quelle raison ses voisins ont été arrêtés, semble décider à défendre son droit au travail. «Je n’ai jamais réussi à avoir un contrat à El Hadjar. C’est grâce au [tbesniss] [commerce illicite] que j’arrive à prendre en charge les besoins de ma petite fille et de sa mère. Ce n’est pas du tout évident, alors je suis solidaire avec mes voisins, et, le 27 janvier, s’ils ne sont pas relâchés, qu’ils nous mettent tous en prison.» Mohamed pense à el harga (immigration clandestine), mais avec la récente disparition en mer de son jeune voisin d’à peine 18 ans, il hésite, en regardant sa fille. Mais ils sont peu à hésiter. Ces jeunes des quartiers de Sidi Amar, haï Mazouz ou encore haï Badji Mokhtar ont tous le même regard de Ali. Un regard défaitiste. Ce jeune-là n’a travaillé qu’un mois au cours de ses 27 années d’existence. Cette autre, à 45 ans, n’a réussi ni à trouver un emploi stable ni à se marier. «Donnez-nous des barques et on vous laissera notre part du pétrole», dit-il en riant. Un rire factice.

El Akrad, le chantier ambulant et…les 17 ans sur un trottoir
Les jeunes, rencontrés un peu plus bas que l’édifice de l’université de Badji Mokhtar, ont baptisé leur quartier «haï El Akrad [quartier des Kurdes]». «Comme en Irak», dit un tout petit jeune, à peine sorti de l’adolescence. Il renchérit : «Puisqu’ils [les dirigeants du pays] ne veulent pas de nous, on peut faire œuvre utile en allant combattre en Palestine.» L’essentiel est de partir. La destination n’a pas d’importance. La raison ? Elle semble évidente : ces jeunes veulent se sentir utiles. Ils refusent l’indifférence. «Regardez Amar, c’est un [chantier] ambulant. Il sait tout faire, pourtant, il est sans emploi», dit un groupe de chômeurs. L’un d’eux, tenant à traduire le désarroi de cette jeunesse, lance à l’adresse des journalistes : «Mentionnez dans votre article que cela fait 17 ans que Faouzi Bouahdjar travaille sur un trottoir». Sur le visage de Faouzi, qui surveillait son commerce, quelques paquets de cigarettes et une table en «carton», un grand sourire se dessine.
Entourant les journalistes, les jeunes tentent de plaisanter, cela ne reflétait nullement de l’inconscience mais un terrible tourment. «Parlons sérieusement. On demande à ce que notre quotidien change. Un travail ou des visas», finit par dire sereinement un universitaire, chômeur depuis deux ans. Pour ce dernier, l’inculpation des huit jeunes de Sidi Amar est une injustice : «Celui qui demande un emploi, on le met en prison, alors, il vaut mieux el harga. Et si on se noie, ce sera au moins une mort rapide. Mieux qu’une mort à petit feu.» Les jeunes chômeurs affirment avoir choisi el harga parce qu’ils refusent el hogra. «Nous habitons en face du complexe El Hadjar et de l’université, alors que le taux de chômage dans nos quartiers est le plus élevé. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il y a toujours du favoritisme», disent-ils. Un jeune, recruté par un sous-traitant, a travaillé pendant quatre mois au complexe. «J’avais un salaire de 16 000 DA, alors que pour le même poste, les employés d’El Hadjar étaient rémunérés à 40 000 DA.» «Personne ne nous défend, et le syndicat de l’entreprise ne cherche qu’à recruter les membres de leur famille. Le jour du sit-in pacifique que nous avons observé de 6 à 16 h, personne n’est venu nous parler ou nous soutenir, sauf les forces de l’ordre qui nous ont parlé avec leurs gourdins»,renchérit un autre ex-contractuel d’El Hadjar.
D’autres jeunes accusent l’agence locale du bureau de main-d’œuvre : «Les responsables distribuent des bulletins d’embauche vierges à leurs connaissances pour leur permettre de se présenter en premier dès qu’il y a une commande de recrutement». D’ailleurs, concernant le recrutement de la trentaine de jeunes intervenu au lendemain de l’accord signé entre les représentants des jeunes chômeurs de Sidi Amar et le directeur des ressources humaines d’Arcelor-Mittal Annaba, les jeunes affirment, après ce rassemblement, que l’opération a été bloquée, «le sous-traitant a renvoyé ces employés, et on ne comprend pas comment, au niveau du bureau de main-d’œuvre, le procureur n’a pas retrouvé trace de la commande d’embauche», affirment-ils.
Ali, toujours appuyé au mur, s’offre une cigarette et partage un café avec un ami. Il écoute calmement ses voisins déverser leur amertume avant de lâcher : «Si je n’avais pas le couteau à la gorge, je n’aurais pas bloqué l’accès d’El Hadjar. Cela je l’ai bien dit au procureur. Ce dernier m’a informé que je suis accusé de manifestation sans autorisation. Il y a une seule question qui m’obsède depuis : qui m’aurait donné une autorisation pour me permettre de me plaindre ?» Ali a toujours le regard obscur qu’il détourne un moment pour répondre à cette vieille qui, traînant difficilement le poids des années, s’approche du groupe pour demander l’aumône. Avec un large sourire qui illumine, pour un laps de temps, son visage, il lui dit : «Nous sommes dans le même cas que vous yemma [mère]. Ce que nous possédons de plus : la patience.» Ali venait de dire le mot de la fin. En Algérie, on a réussi l’exploit : rendre la jeunesse, synonyme de précipitation, «patiente». Mais jusqu’à quand ?

H. Y. [LA TRIBUNE - 21-01-2008]
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Messagede sidiamar le Ven 25 Jan, 2008 22:48

incroyable mais vrai!!
je me demande comment on a pu devenir ainsi....quelles sont les causes?, pour qu on se transforme a une societé aussi pourri...
au risque de choquer, je pense que la vrai cause c nous, chacun de nous sans la moindre exception...on devrait serieusement changé nos montalités si on veut sortir de cette macabre realité
je comprend mainteant pourquoi les francais nous on colonialiser pendant un siecle et demi et se sont servi de nous comme des esclaves
sidiamar
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Messagede majesticgirl le Sam 26 Jan, 2008 03:43

:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:Je n'ai pas de mot!
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Messagede bbnois le Mar 29 Jan, 2008 10:42

ce n'est plus possible de continuer comme ca il faut vraiment qu'on face klk chose !! le cas de sidi amar est un cas parmis d'autres
bbnois
 


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